Les 7 niveaux d'existence qui composent l'être humain

Du plus grossier au plus subtil

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Updated at: Thursday, March 28, 2024 8:46 PM

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Category: Spiritualité

Discipline: Yoga

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Les 7 niveaux d'existence qui composent l'être humain

Du plus grossier au plus subtil

Article proposé par Stéphane Ayrault


À l’école nous avons appris une multitude de choses pour vivre, mais très peu sur la Vie elle-même. Quels sont les niveaux d'existence qui nous composent ? Quelles sont les parties en nous qui subissent les changements ? Quelle est la dimension de nous-même qui n'est pas soumise aux changements ? Quels sont les obstacles qui nous empêchent d'être épanouis et heureux ?


Adi Shankaracharya, grand maître de l’advaita vedanta du VIIIème siècle, et plus récemment Sri Sri Ravi Shankar au sein des enseignements de l’Art de Vivre, ont défini d’une façon sublime les différents niveaux d’existence qui composent l’être humain. L'advaita vedanta est un système philosophique et métaphysique de la non dualité, issu des Vedas, qui indique quel est le but de l'existence humaine et donne les moyens et les méthodes par lesquels nous pouvons l'atteindre.


Dans son traité intitulé Tattva Bodha, Adi Shankaracharya, plutôt que de commencer à définir ce que nous sommes, dans un premier temps définit ce que nous ne sommes pas, en éprouvant chaque niveau d'existence un à un face au changement. Il définit ainsi l'être humain en sept niveaux d'existence, en allant du niveau le plus grossier au niveau le plus subtil : kaya – le corps physique ou stula shariram - le corps grossier, Prana – le souffle, Manas – le mental, Buddhi – l’intellect, Chitta – la conscience/mémoire, Ahankara – l’ego ou je individualisé, Swa – le soi. 

Dans cet article, nous allons reprendre et explorer un à un ces niveaux d’existence, et les confronter aux différents changements qu’ils peuvent subir.


KAYA - LE CORPS PHYSIQUE ou STULA SHARIRAM – LE CORPS GROSSIER


Il est évident que notre corps physique est soumis aux changements, et pourtant, nous habitons ce « temple » comme si nous allions y vivre pour l'éternité. Selon que nous en prenons soin ou pas, notre corps exprime la santé ou la maladie. 


Lorsque la santé prévaut nous apprécions notre « demeure » et nous nous adonnons aux joies des sens, lorsque notre corps est malade, nous nous rappelons l'aspect éphémère de ce dernier. Souvent, nous nous identifions à nos malaises et maladies plutôt que de voir une manifestation d'un « mal à dire » ou d'une expression d'un dysfonctionnement de notre système corps/esprit/psyché. 


La vieillesse est la preuve la plus tangible que ce corps subit le passage du temps et ses changements, indépendamment de notre volonté. Un jour, ce corps physique devra retourner à la Terre. 



PRANA – LE SOUFFLE


Le premier souffle nous donne la vie, le dernier nous l'enlève. Le souffle, plus subtil que le corps physique, relie ce dernier à l'esprit, au mental. D'ailleurs la qualité de notre vie dépend de la qualité de notre esprit, de notre mental, qui lui-même dépend de la qualité de notre respiration. Le souffle, à travers la respiration, subit des modifications selon les émotions que nous vivons. En colère, notre respiration est courte, rapide et saccadée. Tristes, notre expire est lourd, pesant. Déprimés, notre expiration est plus longue que notre inspiration. En état de peur, notre souffle est entrecoupé, notre respiration est en rétention, en suspens. Joyeux, notre respiration est profonde et légère, et notre inspiration plus longue que notre expiration. Les schémas respiratoires varient en fonction de nos émotions. 


Chaque inspire nourrit et énergétise le corps, chaque expire nettoie et détend le corps. Dans la science du Yoga, le prana se divise en différents souffle vitaux appelé les Pancha Prana Vayu, eux mêmes divisibles en sous prana. Chacun de ses souffles vitaux a une fonction très précise dans le fonctionnement de notre corps énergétique.



MANAS – LE MENTAL ou L'ORGANE DE PERCEPTION 


Le mental, dans sa dimension Manas, est le réceptacle des perceptions et le gestionnaire des sens et des sensations. Il récolte l'information qui entre par nos sens tels que la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l'odorat. C'est l'organe qui perçoit l'information et qui va la transmettre à l'intellect afin qu'elle soit traitée. Cela nous arrive, lorsqu'en train de lire un livre, les yeux parcourent les mots ligne après ligne, et soudainement, nous nous posons la question de savoir ce que nous venions de lire. Nous nous surprenons à revenir quelques pages en arrière. Les yeux étaient cependant bien actifs, mais, « manas » n'était pas actif. Cette faculté de recevoir l'information et d'en prendre conscience, est appelée « manas ». 


Lorsqu'il nous arrive un accident, il est rare que nous l'ayons consciemment programmé, la plupart du temps, nous le reconnaissons nous-même : « cela s'est produit ». Pourtant, si nous avions eu le choix, nous aurions certainement choisi de l'éviter. En fait, « manas » n'était pas actif à l'instant où l'accident s'est produit, soit nos pensées étaient dans le passé ou le futur, soit « manas » était déconnecté du moment présent. 


Dans notre sommeil profond, « manas » n'est pas présent. Nous n'avons pas connaissance de ce qui s'est passé autour de nous pendant la nuit. 


BUDDHI – L'INTELLECT ou L'ORGANE DE CONCEPTUALISATION / DISCERNEMENT


L'intellect est appelé en sanskrit « Buddhi ». C'est ce niveau d'existence qui permet de trier, d'analyser, de conceptualiser les informations perçues par « manas ». Une fois l'information traitée, « buddhi » va en créer un concept. De ce concept, il va en émettre un jugement : correct, pas correct, bon, mauvais, bénéfique, dangereux, plaisant, déplaisant, etc. 


Lorsque nous mettons par exemple la main sur le feu, l'information est d'abord perçue par le mental, « manas », par le biais des sens, du toucher dans ce cas précis, et va être traitée par l'intellect, « buddhi ». Une sensation désagréable, une agression de notre corps physique, une douleur ressentie, va amener notre intellect à associer au feu le concept « dangereux ». Cependant, si vous mettez sur ce même feu, une casserole pour vous faire chauffer de la nourriture, l'information que vous allez percevoir à travers « manas » sera complètement différente. Donc, « buddhi » créera un autre concept du feu, qui lui, est resté le même, inchangé. Seule l'expérience a amené un concept différent. 


En fait, tout objet extérieur est neutre, toute expérience est neutre, ce qui ne l' est pas c'est notre interprétation et notre conceptualisation. Notre vie est remplie d'expériences et de concepts. Avec le temps, la compréhension de nous-mêmes, la maturité et la sagesse, mais également avec nos stress, nos tensions, nos filtres émotionnels, nos concepts évoluent. Ce qui était valable à un moment donné, ne l'est plus à l'instant suivant. Notre meilleur ami est peut être devenu notre pire ennemi, et notre ennemi d'hier est peut-être devenu notre ami d'aujourd'hui.


Prendre conscience que toute chose est soumise au changement nous permet de développer la faculté de discerner ce qui est permanent et ce qui est impermanent en nous. Cette faculté de discernement qui permet d'éveiller les valeurs universelles les plus élevées de la condition humaine est l'aspect le plus subtil de « buddhi ». Lorsque nous sommes dans un sommeil profond, l'intellect est inactif. Lorsque nous rêvons, « manas » est présent ; il projette sur notre écran mental des impressions. Par contre, dans le rêve, l'intellect est au repos. Notre faculté de discernement est absente. 


CHITTA - LA MÉMOIRE ou L'ORGANE DE MÉMORISATION


La mémoire est appelée « Chitta ». Elle a pour particularité non seulement d'enregistrer et de stocker les informations, les événements, les situations, les concepts, mais aussi d'enregistrer les charges émotionnelles liées à ceux-ci. A chaque fois que nous vivons une expérience sur ce plan terrestre, y est associée une empreinte émotionnelle. Cette empreinte passée est appelée « samskara ». Lorsqu’ un désir intense s'élève en nous, un désir fiévreux qui avec le temps reste inassouvi, cela devient dans notre mémoire un désir latent appelé en sanskrit « Vasana ». Ces « samskara » et « vasana », chacun avec leur charge émotionnelle associée, s'inscrivent dans notre « chitta ». Cette banque d'impressions créera dans notre vie présente ou vie future, ce que nous appelons le « karma ». 


Maintenant, l'enregistrement de ces informations se fait à plusieurs niveaux ; soit dans le conscient, soit dans l'inconscient ou soit dans le subconscient. Cela arrive lors de chocs émotionnels intenses, traumatismes ou maladies graves telles qu'Alzheimer, le syndrome de Korsakoff, ou autres maladies entrainant de l'amnésie, que nous n'ayons plus accès à ces niveaux de conscience. 


AHANKARA – L'EGO ou L'ORGANE D'IDENTIFICATION


La résultante de toutes ces informations perçues, ces concepts créés, ces jugements émis, ces décisions prises, ces choix effectués, crée notre personnalité, notre originalité, et renforce notre identification au « je », au sentiment d'entité séparée. C'est pour cette raison que nous pouvons avoir été élevé dans une famille nombreuse, avec deux parents identiques et cependant être complètement différents. Ce niveau est appelé « ahankara », l'ego, le sentiment du « moi, moi, je, je ». Lorsqu'il est en harmonie avec les autres niveaux d'existence et au service de notre Être, il nous permet de nous accomplir, de nous réaliser, d'être naturel et de créer notre vie selon nos aspirations. Lorsqu'il est dominant, et déséquilibré, il crée le sens de la séparation et nous enlève notre naturel. Nous nous laissons emporter dans plusieurs états tels que se sentir rejeté, ne pas être accepté ou aimé, incompris, de ne pas être reconnu à notre propre valeur, etc. Que nous soyons dans le « je suis le plus intelligent » ou « je suis le plus stupide », l'ego s'est attaché à une identification que nous avons créée selon nos filtres égotiques. 


Comment reconnaître lorsque l'ego est au service de la conscience ou de lui-même ? 

A chaque fois que celui-ci se manifeste d'une façon imposante, des sensations dans le corps telles que le front tendu, les joues rouges, la gorge resserrée, la poitrine oppressée, le cœur palpitant, le ventre noué, les mains moites ; autant de manifestations qui nous permettent de reconnaître lorsque nous ne sommes plus aux commandes de notre « machine » humaine. A chaque fois que je me sens épanoui, complet, serein, en harmonie avec mon environnement, naturel, à l'écoute de mes vrais besoins, joyeux, enthousiaste ; alors notre ego est au service de notre Conscience, de notre Être, nous vivons en harmonie. 


Apprendre à identifier les jeux de notre ego, nous permet également d'en avoir une plus grande maîtrise. Les techniques de respiration et la méditation sont des outils puissants pour nourrir d'une façon saine et équilibrée notre ego. Notre santé physique, mentale, émotionnelle, psychologique et spirituelle en est alors la récompense. 


Ces quatre niveaux d'existence : Mental (Manas), l'intellect (Buddhi), la mémoire (Chitta) et l'ego (ahankara) font référence en français à l'« esprit » ou au « mental » au sens large du terme.


SWA – LE SOI ou l'ÊTRE


Seul le Soi, l'Être, n'est soumis à aucun changement, il reste et demeure pure conscience. La relation du soleil et des nuages représente une parfaite symbolique pour imager la relation entre notre Soi (Conscience, Être) et les quatre niveaux d'existence que sont le Manas (Mental), Buddhi (intellect), Chitta (mémoire) et ahankara (ego).


Le Soi représenté par le Soleil n'est jamais altéré par les nuages. Lorsque notre « mental » est calme, détendu, serein, transparent et équilibré, notre Soi peut alors briller pleinement et ses qualités peuvent être perçues clairement. L'enthousiasme, la créativité, la joie de vivre, l'intérêt pour la vie, la compassion, l'altruisme, le sourire radieux, sont autant de signes qui laissent transparaître la nature profonde de notre Être.


A l'inverse, lorsque notre mental est agité, perturbé, tendu, stressé, déséquilibré, à l'image des nuages voilant le soleil, notre mental voile le Soi, mais n'altère en rien le Soi. Le Soi est une Expérience. Tout comme les jours nuageux, brumeux ou pluvieux, nous avons conscience, qu'à tout moment, le soleil peut réapparaître, puisqu'il est toujours lumineux, rayonnant, alors nous pouvons avoir cette même conscience concernant notre Soi. Pour y accéder, il est important de reconnaître la nature permanente de notre Soi, et la nature impermanente de notre corps physique, de notre souffle, de notre mental, de notre intellect, de notre mémoire, de notre ego.


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Notre bonheur dépend de notre capacité à nous relier à notre dimension la plus subtile en nous. Pour accéder à cette reliance, il est important de maintenir notre taux vibratoire, notre énergie vitale, appelée Prana, élevée. En effet, nous pouvons aisément faire le constat, qu'il est plus facile de nous connecter à notre Soi et d'exprimer notre bonheur lorsque nous sommes remplis de Prana. Alors pour le garder élevé, nous devons porter notre attention sur quatre sources d'énergie essentielles : la nourriture, le sommeil, la respiration et la méditation. 


Il y a une façon de reconnaître lorsque notre taux énergétique est faible. C'est d'observer et d'être conscient des trois tendances du mental qui peuvent émerger lorsque nous manquons d'énergie (Prana). Que sont-elles ? La première est la tendance à focaliser essentiellement notre attention sur le négatif dans les situations au lieu de porter celle-ci sur le positif ; la deuxième est d'être dans le désaccord continuellement, dans le d'accord – pas d'accord sans écoute profonde et sincère ; la troisième est d'osciller sans cesse entre le passé et le futur, en nous faisant vivre les émotions associées si l'acte d'aller dans le passé et le futur n'est pas un choix conscient de notre part. Ces trois tendances nous empêchent de nourrir le bonheur au quotidien.


Alors en prenant soin, chaque jour, d'entretenir les quatre sources d'énergie, et nourrir ainsi sainement nos sept niveaux d'existence, nous mettons de notre côté toutes nos chances d'exprimer notre équilibre intérieur et d’être en contact avec notre Source. L’état de Yoga, lorsque qu’il y a cessation des modulations du mental (vruttis) comme le dit le sage Patanjali dans ses Yoga Sutras, peut ainsi se manifester dans sa dimension la plus pure.


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