Discipline 4 : Titikṣā - Persévérance

काद: ख़ादसहषणतम तम I

Nous, êtres humains, devons souvent faire face à des expériences douloureuses dans la vie. Aucune vie humaine n’est un chemin uniforme uniquement parsemé de roses. Et pourtant cette voie est magnifique et considérée comme le cadeau suprême : l'incarnation la plus précieuse !

Tout le monde devra faire face à des expériences confrontantes, qui nous demanderont le dépassement de nos limites illusoires.

Certaines d'entre elles viennent à nous sous forme de douleur physique et d'autres sous forme d'angoisse mentale. 

La douleur physique s'appelle वयानध (vyādhi) en sanscrit

La douleur mentale s'appelle आनध (ādhi).

On dit donc que आनधवयानध सहतं जनम (ādhivyādhi sahitaṁ janma) - 

La douleur physique et l'angoisse mentale sont des compagnons constants de la vie.

C’est pourquoi il nous est conseillé de plonger dans l'étude des Écritures et les histoires mythologiques comme les Purānās, car lorsque nous les lisons, nous constatons que tout le monde, qu’il soit bon ou mauvais, dhārmik ou adhārmik, fait face à la misère et à la douleur et qu'elles ne sont en aucun cas punitives.

La quatrième discipline qui fait partie de la troisième qualification s'appelle donc Titikṣā. Elle est très importante et utile non seulement pour les chercheurs spirituels mais également pour tous ceux qui ne sont pas nécessairement orientés spirituellement.

Le défi est que lorsque nous vivons dans la douleur, qu'elle soit physique ou mentale, il en résulte invariablement que le Mental devient lourd et que nous devons trouver une voie d'allègement. Comme nous l'avons vu précédemment, un esprit surchargé ne sert à rien. Conduire la vie elle-même devient un challenge. On ne peut entreprendre aucune activité constructive - imaginez l'incidence sur les études spirituelles ! Il s'ensuit que chaque être humain doit trouver une méthode de traitement de la douleur.

La première méthode que nous essayons généralement est de trouver une solution ou un remède à la douleur en apportant les modifications appropriées aux conditions. C'est la méthode corrective.

Mais souvent, les mesures correctives peuvent s'avérer très coûteuses - physiquement, mentalement, temporellement, sur le plan énergétique, sur le plan de la tension, du stress, etc. Et pire encore, nous constatons souvent qu'avec le remède, la douleur actuelle peut disparaître, mais bientôt être remplacé par un autre type de douleur.

Bhāgawathaṁ donne l'exemple d'une personne portant une charge sur son épaule droite. Lorsqu'il fait basculer la charge de l'épaule droite à l'épaule gauche, il ressent un immense soulagement pendant un court instant mais la douleur commence assez tôt dans l'épaule gauche. Néanmoins, nous avons tendance à adopter cette approche, que nous pourrions appeler la "solution".

Ensuite, il y a une deux autres méthodes. Nous faisons alors le choix de tolérer la douleur, soit parce qu’il n’y a pas de remède, soit que le remède coûte très cher, soit que nous savons que le remède entraînerait une autre douleur.

Quelle que soit la raison, nous continuons à ressentir la douleur à cause de la pression qui monte dans notre esprit et notre corps. Et le moment vient où nous ne sommes plus en mesure de gérer la douleur.

Et alors deux solutions de plus viennent à nous : Implosion ou explosion !

La première solution que nous trouvons est de convertir la douleur en colère et d’exploser. C'est ce qu'on appelle "Blowing up" ! , laissant échapper la vapeur à toute victime sans défense qui se trouve à proximité. C’est l’approche « explosion ».

Mais il peut arriver que nous ne puissions pas exploser parce que toutes les personnes autour de nous sont des personnes âgées ou inapropriées.

Nous pouvons donc choisir de supprimer la douleur et de la souffrir silencieusement pendant des années et des années.

C'est la deuxième solution : l'implosion ! Et dans une telle suppression, il n'y aura pas une explosion mais une implosion. Nous finirons par nous victimiser, ce qui entraînera beaucoup de dommages psychologiques. On peut avoir le sentiment d'être devenu une personne sans valeur et inutile, psychologiquement, à cause d'un traumatisme profond. Par conséquent, la suppression n’est pas non plus une solution appropriée, car elle provoquerait d’immenses dégâts matériels.

Nous ne connaissons que ces trois méthodes pour résoudre notre problème. Mais nos Écritures parlent d'une quatrième méthode que nous ne connaissons pas ou à laquelle nous ne pensons pas beaucoup.

Bhagavan, le Donneur des Donneur, "The infinit Giver", la Vie, nous a tous donné la capacité de tolérer la douleur ou de supporter la douleur. C'est ce qu'on appelle l'endurance ou la tolérance qui s'appelle titikṣā. Tout le monde a cette tolérance, mais la seule différence est que ce seuil de tolérance varie d'un individu à l'autre. C'est pour cela qu'une personne coléreuse, dans une situation donnée explose immédiatement, alors qu'une autre se maitrisera quelques jours , tandis que la troisième pourra résoudre et transformer la situation et ses émotions au fur et à mesure. Nous avons donc tous Titikṣā ! mais le seuil varie....

Lorsque la douleur se situe sous le seuil de tolérance, nous ne la ressentons pas du tout comme une douleur. Une douleur est une douleur seulement quand elle dépasse le seuil.

Alors supposons que nous trouvions une méthode par laquelle les niveaux de seuil ou titikṣā sont progressivement augmentés par la compréhension appropriée et la Sādhanā : la pratique du Yoga ? 

Pas que nous soyons dans un sacerdoce, ou dans un sacrifice aveugle ! Mais par la Persévérance dans l'apprentissage et la pratique des outils de maturités du Yoga, nous trouvons comment relaxer le corps, relaxer le mental et résider dans Sukhatam : le Confort dans l'inconfort (comme dans l'asana).

Si nous pouvons ainsi augmenter le seuil, la douleur ressentie par les autres ne le sera pas pour nous car le sentiment de douleur est hautement subjectif.

Lorsque la douleur tombe sous le seuil, le Mental l'appelle une situation. Quand elle dépasse le seuil, nous appelons cela de la douleur.

Titikṣā signifie donc dans nos Vies humaines, Jiva, de plaisirs et de douleurs mêlés : augmenter le niveau d'endurance, de persévérance, de patience, de responsablilité ou d'Immunité !

Audrey Fiorini-Anandi

Fondatrice Yoga School Bretagne - Formatrice Professeurs Yoga & Vedanta

www.yogaschool.fr

! Cet article fait partie de la Formation de Professeur "Yoga & Vedanta" : Départ le 18 Octobre 2020 !

Photo Jean Manuel Nadeau : Formation de Professeurs Bali 2019