YOGA ET AMOUR DE SOI (Suite)

Accueillir plutôt que réagir

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Mis à jour le : mardi 2 juin 2020 18:32

Categorie : Bien-être

Discipline : CNV

YOGA ET AMOUR DE SOI (Suite)

Accueillir plutôt que réagir

Une piste complémentaire pour cultiver l’amour de soi est la pratique concrète de l’auto-empathie. Marshall Rosenberg, la père de la Communication NonViolente, a légué à l’humanité un outil très puissant, une sorte de « yoga des relations humaines ». En toutes circonstances, l’auto-empathie nous invite à nous octroyer un temps de pause pour nous relier à ce qui est vivant en nous dans l’instant présent : une joie intérieure à l’idée de fêter son anniversaire entre amis, mille pensées sur l’organisation d’une soirée, une sensation de chaleur dans le corps en voyant une personne, etc.


Habituellement, quand nos besoins sont insatisfaits, nous avons tendance à lutter, à résister, à fuir, autrement dit à déployer nos défenses pour nous protéger face à ce qui nous arrive. La pratique de l’auto-empathie encourage au contraire à laisser entrer en nous chaque situation avec une attitude de curiosité. Plonger dans nos émotions et nos sensations physiques réclame du courage, car chaque stimulus peut faire remonter à la surface notre sensibilité, notre vulnérabilité et la douleur liée à certains besoins insatisfaits. Cette expérience d’intimité avec soi-même permet de nous recentrer sur nous-même plutôt que de nous focaliser sur les conditions extérieures qui, bien souvent, nous échappent.


Comment développer son auto-empathie ? Cinq leviers successifs permettent de cultiver l’auto-empathie : l’accueil de sa réaction, l’observation des faits, le ressenti de ses émotions, l’identification de ses besoins et la formulation d’une demande à soi-même. Voyons chacune de ces étapes en détail.


1. Accueillir sa réaction

Comme nous l’avons vu, chaque stimulus peut déclencher une vive réaction. Quelqu’un vous coupe la parole, et cela déclenche une flopée de pensées et de jugements intérieurs : « Il est gonflé ! Il n’est vraiment pas poli… », « Il est incapable d’écouter ! Tout ce qu’il veut, c’est placer ses idées ! », « Il est complètement centré sur sa petite personne ! »


La CNV nous propose d’accueillir pleinement nos réactions afin d’aller à la rencontre de nos émotions et de nos besoins. Cela suppose d’adopter une attitude de curiosité pour enclencher un processus qui invite à identifier les jugements que nous portons sur nous-même ou sur les autres ou les pensées qui nous dérangent. La violence quelle que soit sa forme, est, selon les mots de Marshall Rosenberg « l’expression tragique » de nos besoins insatisfaits. Se connecter pleinement à ses jugements, à sa colère, à ces petites voix qui grondent « ce n’est pas juste », « je la déteste » ou « il est insupportable », c’est reconnaître l’intensité qui nous traverse, cette force qui nous relie à notre énergie vitale. Cet accueil sincère de nos réactions spontanées, et parfois hâtives, nous donne accès à une connaissance de nous-même presque « viscérale ». C’est grâce à cette première étape que nous pourrons progressivement reprendre le pouvoir d’agir sur notre vie.


2. Observer sans interpréter

La capacité à observer ce qui nous fait réagir constitue l’un des éléments clés du processus de la Communication NonViolente. Nos observations sont souvent déformées par le filtre de nos interprétations, voire de notre imagination, car nous avons tendance à les mettre dans le même sac que nos jugements et nos pensées. Malheureusement, ce mélange emprisonne en général le dialogue dans le petit jeu du « qui a tort / qui a raison ». La Communication NonViolente, elle, nous invite à nous centrer sur les faits pour formuler des observations les plus neutres possible. Ce qui signifie décrire des actions, des paroles, des souvenirs… sans opinion ni interprétation. Prenons le temps de distinguer le stimulus – le fait qui a déclenché une émotion ou une réaction – de la réaction elle-même. Imaginez que vous parliez avec un ami qui vous est cher et que vous lui dites : « Tu me coupes toujours la parole ! » À l’évidence, cette phrase est teintée d’une évaluation. Maintenant, si vous prenez le temps d’observer les faits, peut-être pourriez-vous exprimer votre remarque de la façon suivante : « Cela fait trois fois que je prends la parole, et tu parles en même temps que moi. ».


3. Ressentir ses émotions

Les émotions sont un signal puissant et une clé majeure pour l’étude de soi. Lorsque les émotions sont agréables, elles nous enseignent que certains besoins sont satisfaits et lorsqu’elles sont désagréables, qu’ils ne le sont pas. Chacune est donc précieuse. Pourtant, nous cherchons trop souvent à les anesthésier avec des médicaments, de la nourriture, de l’alcool ou du divertissement. Or, cela va sans doute vous étonner, mais l’expérience prouve que le véritable soulagement se trouve au coeur de la douleur et de l’inconfort. C’est pourquoi lorsqu’on pratique la Communication NonViolente, on travaille en profondeur cette capacité à ressentir sincèrement nos émotions, peu importe leur caractère plaisant ou déplaisant. Cette démarche promet plutôt la transformation durable de notre souffrance. car apprendre à créer de l’espace pour nos émotions, même inconfortables, nous libère. Car chaque fois que nous osons aller dans ces zones inconfortables, que nous apprenons à apprivoiser nos sentiments, à les ressentir, à nous frayer un passage au coeur de leur intensité, nous retrouvons de l’énergie, de la vitalité, de la joie : nous nous sentons pleinement vivant. Devenir le témoin bienveillant de chacune de ses émotions, cela s’apprend grâce à la présence et l’attention à ce qui est. Vous constaterez alors que s’autoriser à ressentir sa propre vulnérabilité est l’une des clés les plus puissantes pour cultiver l’amour de soi. C’est dans cet accueil inconditionnel, dans cette acceptation de nos zones fragiles que nous nous rapprochons véritablement de la partie la plus intime de nous-même. La plus humaine aussi. Dans notre exemple, « Tu me coupes toujours la parole ! », peut être que les émotions présentes sont la frustration et la tristesse ? 


4. Identifier ses besoins

Respecter ses besoins humains est au coeur de l’amour de soi. Cela ne semble pas toujours évident au premier abord. Et pourtant, comment se sentir bien dans sa peau tant qu’on n’a pas répondu à ses besoins ? Ce sont eux qui nous poussent à agir à chaque seconde de notre vie. Prendre soin de nos besoins nous réconcilie avec notre être profond. Un besoin, c’est une aspiration vitale, une source d’équilibre et de santé, une énergie/une force de vie qui nous pousse à agir, un point commun à l’ensemble de l’humanité, une dimension universelle. En bref, c’est ce moteur qui nous donne de l’élan et nous rend plus vivant et plus humain. Lorsque nous pouvons identifier et nommer nos besoins, surtout lorsqu’ils sont insatisfaits, quelque chose s’apaise en nous. Ainsi, il est plus important de nommer un besoin que de le satisfaire. Dans notre exemple, les besoins d’échange, d’écoute, de partage ou de considération ne sont pas satisfaits et les identifier, c’est une manière de les reconnaître et de nous apaiser. 


5. Formuler une demande à soi-même

Voilà un autre acte d’amour de soi très puissant. C’est en effet se donner la permission d’embellir sa vie. Cela nous responsabilise et fait grandir l’estime de soi. Lorsque nous

arrivons à passer à l’action en puisant dans nos propres ressources intérieures pour nourrir nos besoins, ne sommes nous pas fiers ? N’est-ce pas de cette façon qu’un bébé arrive un jour à se dresser sur ses jambes pour faire ses premiers pas ? Toute action, même modeste, peut nous sortir d’une forme d’apathie et relancer un mouvement de vie. Si bien que la demande que nous nous formulons peut, elle aussi, rester modeste. L’autonomie est importante, autant que l’interdépendance. Parfois, nous pouvons aussi nous demander d’aller vers les autres pour satisfaire nos besoins. Si au milieu d’un dialogue notre besoin d’échange, d’écoute, de partage ou de considération ne sont satisfaits, peut-être pouvons nous nous faire la demande d’exprimer de manière authentique nos émotions et nos besoins à l’autre personne ? 


Si la CNV nous permet de mettre des mots sur notre monde intérieur, le yoga nous permet de ressentir ce monde intérieur afin de passer de la réaction à l’accueil du vivant en nous et c’est d’après moi, l’une des hautes formes d’amour de soi qui existe ! Chaque événement et chaque journée qui passe nous permet de développer cette compétence qui devient une forme de spiritualité pratique et ancrée dans le monde. Alors à vous de jouer ! 



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